Renaissance


                                          

Petit bijou d’amour perdu au bout du monde,
Après tant d’espérances et tant d’espoirs déçus.
Tout un chemin d’attente, d’années et de secondes,

D’heures, de nuits, de jours, de peines contenues.

Plus attendu, plus désiré encore que s’il était conçu,
Plus mérité aussi après tant de patience,
Ce grand bonheur tout proche que l’on croyait perdu,
Est enfin annoncé, comme une délivrance.

Il deviendra le sel qui manquait à la vie,
Sera tantôt soleil et quelques fois nuages,
Ira même inventer moult tracasseries
Si l’on feignait de croire qu’il soit toujours très sage.

Pour chaque matin gris, de son sourire d’enfant,
Tout comme un magicien qui connait plus d’un tour,
Chassera les soucis, l’espace d’un instant,

Offrant à ses parents son petit cœur d’amour.

Le Chevalier

                            

C’est un beau chevalier, sans armure et sans arme
Né d’une galaxie, à jamais disparue.
Plus d’épée, plus de guerre, rien que le cœur et l’âme
Pour défendre demain une vie inconnue.

Il a fait vœu de paix et sera s’y tenir,
Les combats de naguère ne sont plus de son âge.
Même s’il doit pour cela un petit peu mentir,
Il est honnête, droit et chargé de courage.

Chaque jour est pour lui un jour de souffrance,
Et chaque aube naissante annonce les tourments
Qu’il devra affronter ou passer sous silence
Afin de préserver l’harmonie du présent.

Cette vie d’apparences, de faux semblants vernis,
Cet océan de flous, de vérités cachées,
Il doit les explorer, décrypter sans répit,
Pour feindre d’exister et ne pas se noyer.

Où êtes-vous belle île, virgule dans le temps,
Petite étoile d’or, belles fées d’autrefois ?
Pour sauver du péril au moins pour quelques ans
Ce précieux paladin aux mérites d’un roi?

Lancez-une bouée, tendez-lui votre main,
Séquestrez s’il le faut, que son âme s’évade!
Mais n’abandonnez pas pour autant aux malins
Sa dépouille et son cœur, joyaux inestimables.

Soyez son bouclier, reprenez son armure
Bataillez à sa place s’il ne peut s’engager,
Délivrez-le des maux qui sont sa déchirure,
Et qu’inconnue pour lui la paix soit révélée.

Notre beau chevalier pourra alors renaître,
En reprenant la chance d’une seconde vie,
Découvrira le monde par une autre fenêtre,
Avec pour équipage un tout nouvel esprit.

De ses jours et ses nuits il laissera glisser
Celui qui autrefois savait être un poison:
Le temps, est « assassin » a-t-on souvent chanté,
Monseigneur, plaise à vous d’en tirer la leçon…

Quête en Provence

Au cœur d’une foule animée et bruyante,
Me frayant un chemin de mille parfums mêlés,
Telle une barque seule en mer, dérivante,
Je me laissais porter place des oliviers.

D’olivier, pas un seul, ne restait que le nom,
L’ancêtre végétal avait quitté la place,
Car depuis fort longtemps, ce tortueux démon
Avait cédé son cœur avant de rendre grâce.

Les cigales aussi avaient déménagé,
Préférant la garrigue à tout ce tintamarre,
Leur concert habituel ne serait pas donné
Mais peut-être demain, après ce jour de foire.

Je cherchais un objet, un outil bien précis,
Quelque chose de rare, presqu’une antiquité,
Incisif et tranchant, métal et bois polis,
Alliant l’esthétique à son utilité.

Je le voulais très doux, mais d’une âme violente,
Exprimant pleinement tout l’esprit de son maître,
Officiant tendrement, sans halte et sans attente
Un profond sillon rouge, que seule pourrait connaître.

Mais ma quête fût vaine, malgré tous mes efforts
Je n'avais su trouver l'arme du sacrifice,
Il me faudrait chercher combien de temps encore
Celle précieuse offrande, mère de cicatrices.

Jamais loin...

De votre cœur d’amour,  je puiserai ma vie,
De votre esprit troublé,  il me faudra extraire
Les mauvaises pensées qui inquiètent vos nuits,
Les fantômes du jour, les tourments de la guerre.

Comme après une pluie, comme après une chute,
Je sécherai vos pleurs et panserai vos plaies,
Ferai fuir les démons auteurs de votre lutte
Pour que reviennent en vous le soleil et la paix.

A quelques lieues de là, sans envahissement,
Distance mesurée,  proximité comptée,
Je poserai une île, virgule dans le temps,
Espace réconfort dont vous aurez la clef.

Des nuits qu’il vous plaira d’amour vous abreuver,
Des jours, trop assailli par l’ennui ou le froid,
Je serai là, sereine, prête à vous retrouver,
Votre ciel sera mien, votre vie mon combat.

Les quatres saisons

                                          
Bien blottie contre vous je ne crains pas le froid,
Dehors, il neige, il vente, l’hiver s’est installé,
Près de la cheminée, une provision de bois,
Une musique douce et le temps pour s’aimer.

Le printemps est venu, c’est dans l’ordre des choses,
La nature toute entière s’éveille doucement,
Tout invite à sortir, le soleil et les roses,
Guidez-nous au jardin des amours du printemps.

Les chaleurs, les orages nous annoncent l’été,
Le vin est bien au frais, profitons d’une sieste,
Après quoi, il est sur, nous saurons apprécier
Ce délicieux breuvage, plus doux qu’un vin de messe.

Enfin voici l’automne, il fallait s’y attendre
Pour nos jours désormais nous aurons moins de temps,
Les feuilles à ramasser et tout ce bois à fendre,
Mais nos nuits mon amour dureront plus longtemps.

L'école

  
Petit cœur perdu au milieu des géants
Grands beaux yeux bruns empreints d’étonnement,
Il reste là, tout seul, parmi les marronniers,
Dans la ronde infernale de tous ces écoliers.

Il ne connaît personne et c’est son premier jour,
Aucun ne vient à lui ni ne fait de détour,
Dans la grande récré qui n’en peut plus finir,
Il semble paniquer et voudrait bien s’enfuir.

Mais que fait-il donc là? Pourquoi est-il ici?
Pourquoi ce pensionnat? Pourquoi sont-ils partis?
Qu’a-t-il donc fait de mal qu’on le punisse ainsi?
Qu’on l’isole, qu’on l’écarte, qu’on lui gâche la vie?

C’est la cloche qui sonne, il va devoir rentrer,
Se mêler aux plus grands et s’y faire bousculer,
Obéir aux consignes, répondre sans faillir,
Petit  soldat courage, qui voudrait tant partir.

Dehors c’est autre chose… mais il n’a pas le choix,
Ils se sont séparés, il ne sait pas pourquoi,
Il n’a pas encor' l’âge des grandes discussions,
Il s’est plié c’est tout, brave petit garçon!

Une autre vie commence, il s’inquiète, il redoute,
Quels seront les dangers au travers de sa route?
La nuit vient de tomber, il remonte son drap,
Il a peur pour demain, tiens-bon petit soldat!


      

Le vent du Nord

Le vent du nord  m’a parlé de vous,
M’a surpris ce matin en me mordant le cou.
Il était comme fou, mauvaise nuit sans doute
Et pourtant bras ouverts, je lui barrais la route.

Il était tout chargé de cadeaux pour mon cœur,
Le son de votre voix, vos mains, votre chaleur,
Tel un grand Père Noel au meilleur de l’année,
Déversant tout un flot de bonheur à mes pieds.
               
Je ne refusais rien,  je prenais sans compter
Ces présents si précieux qui m’étaient adressés,
Votre regard, vos musiques, votre peau, votre odeur,
Et même s’il m’en coûtait vos méchantes humeurs,

Tout, je prenais tout vous dis-je, sans rien laisser,
Ni au temps, ni à personne, ni à demain ni au passé.
Rien n’aurait pu arrêter cette folle moisson,
Rien n’aurait su apaiser autant de déraison.

Tout s’était envolé, plus d’hivers, plus d’étés,
Le jour, la nuit, les heures, tout était effacé,
Votre être tout entier m’avait été porté,
Par un grand messager au meilleur de l’année.